Exposition
Célébrant le 50e anniversaire du Centre culturel canadien à Paris, cette production réunit plus d’une centaine de photographies inédites d’artistes majeurs de la scène contemporaine canadienne, ainsi qu’un volet citoyen regroupant cinquante images envoyées du Canada et de la France. En parallèle de ce volet virtuel, Image envoyée s’est tenue dans la galerie du Centre culturel canadien du 17 septembre au 16 octobre 2020.
Créée pendant le confinement, l’exposition s’est élaborée à partir d’une demande faite aux artistes d’envoyer trois images représentant une vision actuelle et personnelle de leur monde, un projet symbolique réalisé spécifiquement pour la France et consciemment adressé aux Français. Faite en grande partie de photographies réalisées avec la technologie et dans l’esprit du téléphone portable, Image… envoyée souligne également, par la réciprocité de sa composante citoyenne, la relation Canada-France.
Cette production du Centre culturel canadien à Paris réunit une centaine d’images inédites réalisées par des artistes majeurs de la scène contemporaine canadienne étroitement liés à l’histoire de l’institution. Elle réunit également cinquante images reçues de citoyens et citoyennes du Canada et de la France, sélectionnées dans le cadre d’une vaste opération participative menée pendant le confinement.
Invention collective défiant certaines règles de l’exposition classique, Image… envoyée est à la fois homogène et hybride. Habitée par une force intérieure qui est l’expression d’un élan commun de nature exceptionnelle, elle souligne le 50e anniversaire du Centre culturel canadien à Paris, celui-ci ayant pris le parti de célébrer son histoire en parlant du présent.
Aux artistes canadiens invités il fut proposé de réaliser ou de réunir trois images constituant une représentation du monde significative pour eux, personnelle, parlant de leur environnement, ancrée à un territoire et un milieu (réel ou imaginaire) chargé sur le plan symbolique, et de faire de cela un don, une création conçue spécifiquement à l’adresse des Français. Privée, publique, aux accents poétiques ou politiques, intimiste, militante, ou caustique, affichant une préoccupation sociale ou écologique, chaque création est ramenée à un dénominateur commun (un format et un support semblables pour tous) et s’inscrit dans un tout formant quelque chose comme un portrait national résolument subjectif. Trois images pour ouvrir le jeu, mais également rappeler qu’elles renvoient à des pratiques artistiques s’étant élaborées dans la durée. Trois images pour créer une diversité d’espaces-temps au sein d’une variété de triptyques à la fois étrangers les uns aux autres mais desquels surgissent affinités et contrastes.
Aux citoyens il fut au contraire demandé une seule image, réalisée dans l’esprit spontané du téléphone portable et constituant pour eux l’image forte du moment, pouvant concentrer ce qu’il y a de plus précieux en cette période de distanciation et qu’ils souhaitaient offrir à l’autre, dans le cadre singulier d’une relation culturelle entre deux nations, celles du Canada et de la France. La composante citoyenne de Image…envoyée donne lieu à une composition faite d’images vernaculaires réalisées dans un esprit de partage tout à fait singulier et pourtant ancrée au langage « véhiculaire » le plus global qui soit, celui de l’image-message qu’on envoie à tout moment avec son téléphone.
Regard sur le présent en même temps que sur l’absence (celle des gens dans les rues, celle des personnes qui comptent pour chacun de nous et qu’on est empêché de voir ou de toucher), rebrassant les cartes et mettant à l’épreuve nos jugements sur la notion de « cliché », Image…envoyée condense des émotions, des valeurs et des convictions diverses. Elle expose des visions du monde et autant de subjectivités, des regards locaux subtilement marqués par une situation de crise globale, et l’appropriation généralisée de l’image. Elle interroge aussi sur ce qu’est le regard d’un artiste et celui d’un citoyen. Son enjeu profond porte sur la relation de l’humain et son environnement, et sur la relation à l’autre qui s’exprime ici à travers rien de moins que la mise en œuvre d’une relation culturelle internationale.
Cette exposition a été conçue en étroite collaboration avec le studio italien Pitis e Associati qui en a réalisé le design matériel et virtuel. Je remercie chaleureusement Massimo Pitis, Marie-Laure Jouve et Matteo Benetti, notre expert technique Christophe Lebrun qui a été crucial pour la réalisation de ce projet, ainsi que Davide Valtorta et Valentina Solinas de l’imprimerie Publionda. L’installation matérielle a été assurée avec soin et talent par notre équipe de monteurs Judith Marin, Arnaud Tranchard, Olivier Dusnasi, Rachid Drahmani. Mes remerciements vont aussi à mes collègues du Centre culturel canadien qui ont eu à un moment ou un autre un rôle à jouer dans la réalisation de cette entreprise collective : Jean-Richard Gauthier, Julien Glaumaud, Manuela Monteiro à l’administration ; Vololona Savy qui accueille le public ; Marie Cousin, Lisa Eymet, Marion Rayet, sous la direction de Frédérique Tsai, pour la communication ; et la directrice du Centre Caitlin Workman qui a soutenu et accompagné le projet de bout en bout.
Enfin, je tiens à exprimer ma profonde reconnaissance aux artistes canadiens qui ont accepté avec enthousiasme et confiance de participer à ce projet singulier, ainsi qu’aux citoyens participants – dont une grande partie sont aussi des artistes professionnels – dont les regards apportent une diversité extraordinaire à cette composition collective.
Commissaire
Centre culturel canadien
“Privée, publique, aux accents poétiques ou politiques,
intimiste, militante, ou caustique,
affichant une préoccupation sociale ou écologique,
chaque création est ramenée à un dénominateur commun
(un format et un support semblables pour tous)
et s’inscrit dans un tout formant quelque chose
comme un portrait national résolument subjectif.”