Adad HANNAH

THE RAFT OF THE MEDUSA PPE, 2020 (2009)

Le Projet

En mai 2020, on m’a demandé d’animer l’Instagram de @galeriepfoac. Pour ce faire, je suis allé chercher des images de making-of  de projets plus anciens. Et je suis tombé sur des séries de photos produites en mai 2009 dont j’avais complètement oublié l’existence. Un ensemble de photos dépeignait une version du Radeau de la Méduse (1818-19) où s’entassaient des skateboards, un vélo et des modèles en sweats à capuche, pantalons baggy, casquettes de baseball et lunettes de soleil. L’idée était simple à décrypter : c’était Le Radeau de la Méduse en streetwear contemporain – une troupe bariolée de jeunes de 2009 investissant l’espace historique de l’œuvre séminale de Géricault. Les autres images étaient plus difficiles à décoder. Dans un groupe, les modèles portaient des combinaisons de protection Tyvek, des gants bleus en nitrile et des masques blancs aux élastiques jaunes. J’ai fini par me souvenir que j’avais photographié ce projet à 100 Mile House, une ville du nord de la Colombie-Britannique, en réaction à la pandémie H1N1. Quand je suis arrivé à 100 Mile House à la fin avril 2009, la grippe H1N1 préoccupait tous les Canadiens, et nous avons donc décidé de photographier une version du Radeau de la Méduse avec tous les personnages en tenues EPI (équipement de protection individuelle). Une fois de retour à Montréal et le temps que je trie les photos, la pandémie avait cessé et le projet est resté sur les étagères.

Regarder ces images en 2020, au milieu d’une pandémie mondiale, provoque un sentiment étrange. Le radeau de Géricault, un vaisseau sans gouvernail lâché en pleine mer par les personnes en charge et abandonné à la dérive, devient à nouveau le puissant symbole d’un leadership inepte et de son coût en vies humaines.