Stephen ANDREWS
Le Projet
Se représenter le lieu où l’on vit est bien souvent difficile. Non sans rappeler la conscience de qui on est, cela ne nous vient que par éclairs – si jamais on en fait l’expérience. Nous sommes absorbés par le détail de notre quotidien de sorte qu’il est très dur de s’extraire de soi-même pour voir comment les autres nous perçoivent. Je me comprends souvent mieux en voyageant. Mes particularismes nationaux me sautent aux yeux par contraste quand je suis ailleurs. Bon, me voilà encore en train de m’excuser…
Ces photos sont prises lors de mes aller-retours entre chez moi et mon atelier. Je ne sais pas si on peut m’y voir reflété mais voilà les lieux que j’arpente quotidiennement. Je suis sûr qu’ils me définissent d’une certaine façon. Ils sont saisis en passant entre ici et là quand quelque chose attire mon regard. Ici, un garçon et son père jouent avec un petit bateau dans les zones inondées des îles de Toronto. Là, après une réouverture initiale désastreuse post-confinement, des cercles ont dû être peints sur le sol pour matérialiser la règle de distanciation sociale. Et cette dernière : un ouvrier avec un X de sécurité fluorescent sur le dos. Les légions de travailleurs omniprésents dans la ville, apparemment occupés à démolir et reconstruire Toronto, passent pour la plupart inaperçus.